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La Tradition

Présentation par Michel-Laurent Dioptaz (créateur, maître-fondateur de cette discipline)

Il y a 35 000 ans... 350 000 ans peut-être, cet homme pointait ses lèvres pour souffler sur la flamme de son trésor de braises fragiles ; qu'il eût un roseau, un os creux à portée de main et la curiosité de son souffle ne pouvait que s'en saisir.

Ici l'air et le feu, ailleurs l'eau et l'argile...

C'est comme si tous les éléments ne demandaient qu'à nous enseigner la connaissance et l'usage du creux. Mais, en fait, n'est-ce pas comme si tout notre environnement ne demandait qu'à nous enseigner l'usage de l'intelligence ?

Ainsi la question n'est pas : Comment nous avons fait pour inventer la sarbacane? mais : Comment aurions-nous pu faire pour ne pas l'inventer?

C'est tout naturellement qu'avec le tube d'un stylo-bille, avec celui d'un bambou, du fin fond de la classe, au fin fond des forêts vierges, tous les enfants du monde ne manquent pas d'inventer-réinventer la sarbacane. Elle est comme le premier geste du souffle créant l'outil.

Puis nous enfouissons la sarbacane dans nos souvenirs d'enfance... Probablement afin d'augmenter l'efficacité de ses chasses et de ses guerres "d'adulte", l'Homme a fait souffler la poudre à canon dans ce bout de tuyau où soufflait sa bouche. Et, de ce fait, il a oublié la force explosive de son souffle.

De plus dynamisé par d'évidentes raisons de survie et par son goût pour la compétition, l'Homme à fait porter son attention essentiellement sur les résultats et gratifications obtenues par l'effet des projectiles sur le but à atteindre.

Ainsi récompensé-fasciné par ce qui se passe "là-bas", dans le miroir de la cible, les inventions et évaluations se réalisèrent (et se réalisent) dans cette seule perspective.

C'est probablement pourquoi regardant dans cette seule direction, les étonnantes applications de la sarbacane sur la compréhension des mécanismes du souffle liés à la conscience (essence du ZEN) et ceux de la prise de décision liés au souffle, n'avaient encore jamais été explorées jusqu'à présent.

« Bien souvent dans les esprits, la notion de "tradition" est synonyme de quelque chose d'immuable qui ne change plus. Et pourtant, voilà que les traditions du Zen ont pour fonction de conserver vivant et de relayer la chose la plus changeante qui soit – la perception de l'instant... l'instant présent. »

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La Voie du SARBACANA fait faire une galipette à notre attention pour la retourner vers l'autre extrémité du "tuyau" celle qui se tourne vers le tireur. Ainsi, en plaçant le but "ici" et non "là-bas" on peut constater que nous avons là un prodigieux instrument directement branché sur l'intelligence du souffle. Et que, grâce à cet accessoire, l'on peut visiter et développer tous les aspects de cette intelligence et donc de la conscience.

Née des premières curiosités du souffle humain, voilà que la Sarbacane renaît ici pour nous accompagner dans nos plus subtils souffles de conscience.

Et, bien que la pratique de la Voie du Sarbacana n'ait qu'une quinzaine d'années, les gestes du souffle, les gestes de l'esprit qu'elle active et chevauche sont si essentiellement humains que, dans son vécu, c'est comme si cet enseignement remontait aux origines mêmes de notre humanité, comme une remontée de souvenirs d'une profonde tradition oubliée.

Souvenez-vous... Lorsque nous contemplons longuement un feu de bois... parfois notre regard, pénétrant profondément la flamme, semble comme emporté jusqu'aux origines de l'Homme. La présence du feu, l'ombre froide dans notre dos deviennent alors tout autres... émergent les parfums de souvenirs qui semblent pas les nôtres. Un souffle d'éternité traverse l'instant. Le souffle Sarbacana induit ces mêmes étonnantes ouvertures sur le temps des origines.

En cela, il nous procure cette très particulière stabilité qu'offre l'enracinement dans le temps.

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Les traditions du présent

La Transmission est indispensable à la vie, à toutes formes de vie. Ainsi toutes évolutions, toutes maturations qui ne peuvent se transmettre par le patrimoine génétique, vont devoir trouver d'autres formes de mémoire, d'autres vecteurs de transmission. L'Humain a conçu et développé plusieurs de ces formes de transmission. La "Tradition" est le nom que l'on donne à certaines d'entre elles.

D'ailleurs, étymologiquement, "tradition" signifie "action de transmettre".

Et comment ne pas reconnaître toutes les valeurs de cohésion sociale et d'éthique dans ce liant entre passé et futur. Lien relationnel entre les générations, unifiant peuples et cultures dans la continuité. L'on ne peut qu'en constater l'indéniable utilité.

Ainsi, lorsqu'une tradition perdure à travers le temps, on peut concevoir qu'elle contient, ou a fait l'acquisition d'une certaine forme d'équilibre et, en tant que telle, mérite d'être considérée attentivement.

Mais il n'en reste pas moins que nombre d'habitudes sclérosantes sont, elles aussi, nommées "traditions". Des habitudes qui, sous prétexte de nous montrer le monde, nous empêchent de le voir.

En fait, les traditions véhiculent aussi bien la liberté que l'enfermement. Elles se sont développées sur toutes les dimensions de l'Humain (il y en a même paraît-il, chez les voleurs et chez les bourreaux).

Ainsi, toutes les traditions n'ont pas la même fonction et, si certaines véhiculent du savoir, chevauchant des verbes tels que : "Faire", "Avoir" et leur dérivés, d'autres véhiculent de la connaissance, transmettant l'essence même du verbe : "Être".

Ces dernières sont les traditions d'initiation, traditions d'éveil, traditions de la fête. Elles aussi sont des relais de la mémoire, mais d'une mémoire vraiment très singulière puisque, du fin fond du passé, l'on s'offre le secret du présent, du présent actuel... celui-ci, en cet instant ! l'ici-maintenant !

Bien souvent dans les esprits, la notion de "tradition" est synonyme de quelque chose d'immuable qui ne change plus. Et pourtant, voilà que les traditions d'Eveil ont pour fonction de conserver vivant la chose la plus changeante qui soit — l'instant... l'instant présent ! Traditions du spontané ! Traditions paradoxales...

"La seule chose qui soit immuable, c'est le changement", nous dit la sagesse chinoise. C'est bien de cela qu'il s'agit : transmettre la conscience de l'éternellement nouveau, le Présent !

Transmettre cette paradoxale découverte, qui nous fait prendre conscience que cette découverte doit être redécouverte par chacun, et cela à chaque instant... Ainsi les traditions peuvent véhiculer des méthodes d'accès à cette révélation, mais pas la révélation en elle-même.

 

Car, bien qu'elle soit universelle, elle s'actualise toujours de façon unique... tout comme le présent, dont elle est l'expression même.

Partout, de tout temps, il n'y eut, il n'y a, il n'y aura que du présent.

Dans le passé, des Êtres pleinement présents à leur présent, ont mis en évidence les effets de cette présence au présent, nous faisant savoir que c'est là, en cet exact lieu du temps, que la vie s'éclaire de conscience. C'est là que la vie se vit.

Ces précieux témoignages sont conservés par les traditions. Cependant nous risquons, parfois, que ces "vieux" présents ne soient plus que des reliques... Des "Fleurs-de-présent" mortes d'avoir été déracinées de l'éternel Présent, déracinées de la vie pour être conservées dans l'herbier des traditions.

Cependant, même "fleurs séchées", elles restent des invites à retrouver et habiter ce lieu où elles poussent : ici-maintenant.

On peut normaliser le chemin qui mène à l'Eveil, mais sa réalisation est une dénormalisation suprême. Et c'est cette dénormalisation qui est "Eveil".

L'Eveil est une fleur sauvage, pleine de la sève de l'instant.

Bien sûr, les traditions non dogmatiques, ne s'articulant ni sur des croyances, ni sur ce qui peut être assimilé par les mots, mais invitant chacun à expérimenter la découverte à son propre endroit, risquent moins cette sclérose des "normalisations" puisqu'elles sont sans cesse réactivées dans le présent de la pratique expérimentale.

C'est, entre autres, le cas du Zen, même si, lors de son importation en Europe il risque parfois de prendre un goût "d'académisme Zen", "d'orthodoxie japonaise" . Toutefois dans sa pratique, Zen (Zazen) est si finement essentiel, qu'il peut résorber tous les discours posés sur lui, celui-ci y compris bien sûr.

Le Présent ne peut être "académique". Comment pourrait-il y avoir un académisme de l'instant ?

De l'instant officialisé par une instance...

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Il est vrai que la vacuité est une révélation d'une force de simplicité si délicate... qu'il est compréhensible que l'on ait parfois peur de toucher aux précieux emballages traditionnels qui nous la proposent, de crainte d'en briser le précieux contenu... briser le vide; peur de perdre ce brin de paille-tatami dans lequel, peut-être, serait caché l'ultime secret.

Mais le danger, c'est que les techniques de méditation étant, en quelque sorte, des habitudes ayant pour fonction de supprimer les habitudes... l'on risque à tout moment qu'elles redeviennent de pauvres et engourdissantes habitudes.

Sclérosé dans une sorte de tradition des traditions, le sens est perdu de vue. Et nous voilà en train de préserver une photo de la mer flottant sur l'océan, afin qu'elle ne se mouille point !

La transmission des techniques d'Eveil s'effectue toujours dans une double dynamique :
- Perpétuation par des lignées traditionnelles, à travers le temps...
- Et renouvellement avec leur source intemporelle, dans le présent.

Toutes les techniques d'éveil sont issues de et mènent à cette source, ce centre : le présent.

C'est seulement en revenant vers la périphérie qu'elles se différencient, selon les époques et les cultures.

De ce fait, l'on peut considérer les techniques d'Eveil soit, sous leurs angles historiques, en étudiant la circulation des transmissions, à travers pays et époques. Constatant l'empreinte des cultures et des êtres qui les ont manifestées et relayées.

Ou bien, puisque ces techniques ont pour fonction de révéler le présent, on peut aussi les appréhender en visitant, non plus le passé, mais en expérimentant le présent. En entrant dans la pratique de l'instant.

La Voie du Sarbacana a fleuri et se pose en ce lieu.

Dans cette perspective, on constate à l'inverse que les espaces existentiels explorés sont des territoires d'Humanité totalement atemporels et acculturels.

En ce lieu prennent naturellement naissance les enseignements tels que nous les délivre le Présent : vacuité - plénitude, intelligence du vide - effacement des contradictions, synergie des dualités - transcendance et résolution des paradoxes existentiels - intelligence transparadoxale - synesthésie du réel - cicatrisation des blessures biographiques... Tout cela n'est "qu'inventaire", constatation de ce qu'est le vécu du présent, des façons dont nous expérimentons l'existence lorsque nous posons notre attention à cet exact lieu du temps. Tous ces "effets", ces "aspects" ne sont propriété et ne peuvent être revendiqués par aucune école, aucune méthode. Ils sont seulement ce qui se produit lorsque l'une d'elles nous permet de déposer nos vieux mécanismes d'enfermement — lorsque, dans un Humain, la Vie s'éclaire de conscience.

Michel-Laurent Dioptaz

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